

Les nabis, un mouvement artistique chère a Lalou
Le travail de Lalou Kraffe entretient un lien fort avec le mouvement Nabi par sa recherche d’Art Total, son goût pour la poésie du quotidien et l’influence du japonisme.
Comme les Nabis, elle privilégie la simplification des formes, l’intensité des couleurs et l’intégration de motifs décoratifs, tout en s’inspirant de l’art japonais et de la Sécession viennoise.
Sa peinture, délicate et soignée, prolonge l’esprit Nabi en faisant dialoguer beauté, émotion et vie contemporaine dans chaque œuvre

en rupture
Le mouvement Nabi
Rupture avec la tradition académique : Les Nabis rejettent la peinture académique au profit d’une expression plus libre et personnelle, encouragée notamment par l’influence de Paul Gauguin.
Symbolisme et spiritualité : Le groupe, dont le nom signifie « prophète » ou « inspiré », place la spiritualité et le symbolisme au cœur de sa démarche artistique.
Esthétique décorative : Les Nabis privilégient les formes épurées, les aplats de couleur, les contours marqués et une forte dimension décorative, visant à abolir la frontière entre arts majeurs et arts décoratifs.
Art total et pluridisciplinarité : Ils cherchent à intégrer l’art dans la vie quotidienne en travaillant sur de nombreux supports (peinture, tapisserie, vitrail, objets, affiches, etc.), et défendent l’idée d’un art total.
Sujets tirés de la vie moderne : Bien que proches du symbolisme, les Nabis s’intéressent aussi à la vie contemporaine, qu’ils élèvent au rang de sujet artistique.
Travail collectif et esprit de groupe : Unis par des liens d’amitié et une vision commune, ils se considèrent comme une « société secrète » avec leurs propres rituels et vocabulaire.
En résumé, le mouvement des Nabis se distingue par sa dimension spirituelle, son esthétique décorative, sa volonté de décloisonner les arts et son engagement dans une démarche collective et novatrice.

Naissance d'un mouvement
Porté par la Bretagne
Le mouvement des Nabis est né à la fin des années 1880 autour d’un groupe de jeunes artistes, principalement élèves à l’Académie Julian à Paris, tels que Paul Sérusier, Pierre Bonnard, Maurice Denis, Édouard Vuillard et Paul-Élie Ranson.
L’élément déclencheur fut le séjour de Paul Sérusier à Pont-Aven à l’été 1888, où, sous la direction de Paul Gauguin, il réalise le tableau Le Talisman.
Cette œuvre, peinte selon les principes du synthétisme de Gauguin (aplats de couleurs pures, formes simplifiées, rejet du réalisme), devient le manifeste du groupe.
À son retour à Paris, Sérusier partage cette expérience et sa toile avec ses camarades, qui sont enthousiasmés par cette nouvelle approche. Le groupe adopte alors le nom de « Nabis », terme hébreu signifiant « prophète » ou « inspiré », et se dote de rituels et d’un langage propre, à la manière d’une société secrète.
Leur ambition commune est de renouveler la peinture en s’affranchissant de l’académisme, en privilégiant la simplification formelle, la couleur et un langage ornemental et symbolique.

spiritualité
Au coeur du mouvement nabi
La spiritualité est essentielle dans la démarche artistique des Nabis car elle constitue le cœur même de leur recherche et de leur expression.
Pour eux, l’art n’est pas simplement une représentation du monde visible, mais un moyen d’explorer et de transmettre des réalités intérieures, des émotions profondes et des idées symboliques.
Les Nabis considèrent la création artistique comme une quête du sacré, une façon de dépasser la matérialité pour atteindre des niveaux plus élevés de sens et de contemplation.
Leur peinture se veut ainsi un langage spirituel, utilisant la couleur, la forme et les symboles pour évoquer l’invisible et inviter le spectateur à une expérience introspective.
Cette approche fait de l’acte de peindre un véritable acte méditatif, où l’artiste cherche à révéler l’essence du monde et à établir un lien entre le visible et l’invisible.
La spiritualité, chez les Nabis, permet donc à l’art de devenir un espace de réflexion, d’élévation et de partage d’une dimension universelle et intemporelle.

Quête spirituelle
Exprimer l'invisible
La quête spirituelle des Nabis a profondément transformé leur approche artistique en faisant de l’art un moyen d’explorer et d’exprimer l’invisible, le sacré et l’intériorité.
Plutôt que de se limiter à la simple représentation du réel, ils ont cherché à traduire des émotions, des idées et des vérités universelles à travers la couleur, la forme et le symbole.
Leur création devient ainsi un acte méditatif, une sorte de rituel où chaque œuvre ouvre une fenêtre sur l’âme, invitant le spectateur à une réflexion intérieure et à une expérience contemplative.
Cette démarche les conduit à abolir la frontière entre le profane et le sacré : l’œuvre d’art devient un espace de dialogue avec le divin, un miroir de l’esprit humain, et un guide vers la découverte de soi.
En intégrant la spiritualité au cœur de leur processus créatif, les Nabis ont fait de la peinture un langage universel, capable de relier l’artiste, l’œuvre et le public autour d’une quête commune de sens et d’élévation.

les arts décoratifs
La beauté dans nos quotidiens
Les Nabis ont intégré l’art décoratif dans leur œuvre en cherchant à abolir la frontière entre beaux-arts et arts appliqués, afin d’introduire la beauté dans la vie quotidienne.
Ils ont utilisé de nombreux supports décoratifs : estampes, affiches, illustrations, programmes de spectacles, papiers peints, paravents, tapisseries, vitraux, vaisselle ou meubles.
Leur démarche s’inspire de l’estampe japonaise, ce qui se traduit par des formes simplifiées, des lignes souples, des motifs stylisés et une absence de perspective traditionnelle, avec des couleurs vives et des compositions ornementales.
Les Nabis ont ainsi réalisé des décors pour des intérieurs privés, des commandes publiques ou des objets du quotidien, affirmant la dimension décorative et accessible de l’art.
Leur approche, fondée sur la fantaisie, la poésie et l’expérimentation, fait d’eux de véritables pionniers du décor moderne, engagés dans une conception de l’art total, où toutes les disciplines artistiques se rejoignent pour enrichir l’expérience esthétique de chacun.

L'art la vie
Sens, émotion et esthétique.
Les objets décoratifs des Nabis reflétaient leur vision de l’art en lien avec la vie en intégrant la beauté et la poésie dans le quotidien, à l'instar de William Morris et du mouvement Arts and Crafts.
Pour eux, l’art ne devait pas se limiter aux tableaux de chevalet, mais investir tous les aspects de l’environnement domestique : paravents, tapisseries, papiers peints, vitraux, vaisselle, meubles, etc.
Cette démarche visait à abolir la frontière entre art et vie, en faisant de chaque objet utilitaire une œuvre porteuse de sens, d’émotion et d’esthétique.
En créant des objets décoratifs, les Nabis affirmaient que l’art pouvait transformer l’expérience quotidienne, éveiller les sens, stimuler l’imaginaire et offrir un espace de contemplation, même dans les gestes les plus simples de la vie.
Leur approche défendait l’idée d’un art total, accessible à tous, où chaque élément du décor participe à l’épanouissement de l’individu et à la création d’un environnement harmonieux.
Ainsi, leurs objets décoratifs étaient le prolongement naturel de leur quête artistique : faire de l’art une expérience vivante, partagée et pleinement intégrée à l’existence.

Un apport majeur
Les nabis et l'école de Pont Aven
Techniquement, le mouvement des Nabis a profondément renouvelé la peinture de leur époque par plusieurs innovations majeures :
Simplification des formes : Les Nabis abandonnent le réalisme et la représentation fidèle de la nature pour privilégier des formes épurées, stylisées, souvent inspirées par l’art japonais et les estampes ukiyo-e.
Aplats de couleurs pures : Ils utilisent des couleurs franches, non mélangées, posées en aplats, ce qui donne à leurs œuvres une grande intensité visuelle et une dimension décorative nouvelle.
Contours marqués : Les silhouettes et objets sont souvent cernés de lignes sinueuses et nettes, accentuant l’aspect graphique et ornemental de la composition.
Abandon de la perspective traditionnelle : Les Nabis rejettent la profondeur et la perspective héritées de la Renaissance, préférant des compositions planes et des formats inspirés du kakemono japonais.
Intégration de motifs décoratifs : Leurs tableaux se caractérisent par la profusion de motifs, de textures et de rythmes décoratifs, qui rapprochent la peinture des arts appliqués et de l’artisanat.
Diversification des supports et techniques : Les Nabis peignent sur des supports variés (paravents, éventails, papiers peints, tapisseries, vitraux, objets du quotidien), brouillant la frontière entre beaux-arts et arts décoratifs.
En résumé, les Nabis ont transformé la peinture de leur temps en la rendant plus expressive, décorative et ouverte à de nouveaux supports, tout en mettant l’accent sur la couleur, la synthèse des formes et l’abstraction du réel.